L’ENFANT CAMÉLÉON
Cet enfant est maigre et né pour la peine.
Son père, ouvrier lâche et violent,
Le bat constamment, le nourrit à peine.
Le petit Gustave est pâle, tout blanc.
Le petit garçon, toujours assez sage,
Vient de renverser par mégarde un seau.
Son père lui fait un mauvais visage :
Le petit Gustave est rouge ponceau.
Ce père cruel, d’une main trop sûre,
Se fait de le battre un barbare jeu.
Le corps de l’enfant n’est que meurtrissure :
Le petit Gustave est devenu bleu.
Pauvre créature, enfin elle est morte
Ainsi qu’une fleur au souffle de l’air,
Dans la tombe froide un jour on l’emporte :
Le petit Gustave est devenu vert.