IMPROMPTU
Bonjour, madame belle et bonne,
Avant midi je me pomponne,
J’arrive chez vous ; mais... personne.
Alors, auprès d’une colonne
Qui porte une table octogone,
Je viens m’asseoir, et je griffonne
Cette épître à votre personne ;
Mais, sur ce sujet, qui s’étonne
Que le jugement m’abandonne ?
Bientôt je vois que je raisonne
Comme un buveur près d’une tonne
De vin de Madère ou de Beaune.
Alors, je me lève et fredonne
Une chanson un peu luronne ;
J’approche du feu, je tisonne,
Quand j’entends l’airain qui résonne :
Je compte... c’est midi qui sonne.
Adieu, madame belle et bonne ;
Si votre absence me chiffonne,
En bon chrétien je vous pardonne ;
Mais je me venge, et je vous donne
À lire ce billet d’une aune.
Les Epaves, poésies., 1847