Ma douleur égoïste.
Faut-Il que ma douleur aussi soit égoïste ?
Faut-il que par instants je tressaille surpris
De trop souffrir pour moi ? — Dans quelle pose triste,
Près de quelle fenêtre ouvrant sur des flots gris,
Au fond desquels un peu de lumière résiste
Au noir déchirement de ses derniers débris,
Songes-tu, cependant que ton regard assiste
À cette mort du jour dans les cieux défleuris ?
Quel livre de chagrin et d'angoisse soufferte
Tient sa page la plus désespérée ouverte
Sous tes yeux pleins de pleurs, entre tes doigts tremblants ?
Sous quels grands arbres nus traînes-tu tes pas lents ?
Sur quel banc laisses-tu tomber ton corps inerte ?
Dans quel miroir vois-tu tes premiers cheveux blancs ?
Auguste Angellier.