AUX MARCHES DU PALAIS
Aux marches du palais,
Y a une tant belle fille.
Elle a tant d’amoureux
Qu’elle ne sait lequel prendre.
C’est un petit cordonnier
Qui a eu la préférence.
Lui fera des souliers
En maroquin d’Hollande.
C’est en les lui chaussant
Qu’il en fait la demande.
La belle, si tu voulais,
Nous dormirions ensemble
Dans un grand lit carré
Couvert de toiles blanches.
Aux quatre coins du lit,
Quatre bouquets de pervenche.
Dans le mitan du lit,
La rivière est courante.
Tous les chevaux du roi
Pourraient y boire ensemble.
Nous y serions heureux
Jusqu’à la fin du monde.
[variante :]
À la porte au palais
Y a t-une belle amante
La belle a tant d’amants
Qu’elle ne sait lequel prendre
Le fils d’un cordonnier
Celui-là la fréquente
Lui a fait des souliers
À la mode de Nantes
S’en va les lui porter
À minuit dans sa chambre
Tout en lui les chaussant
Lui a fait la demande
Si mon cœur aime le tien
Si le tien aime le mien
J’nous marierons ensemble
Si mon cœur aime le tien
Si le tien aime le mien
Nous coucherons ensemble
Dans un beau lit carré
Garni de roses blanches
Et dans l’milieu du lit
Le rossignol y chante
Et dans l’dessous du lit
La rivière est courante
Nous laverons les linceux
Dans cette belle eau courante
J’les mettrons à sécher
Sur l’rocher d’Jean d’la Lande
J’mettrons à les garder
Le valet la servante
Et s’ils les gardent bien
J’les marierons ensemble