La Passion de Jésus-Christ,
qu’est moult triste et dolente,
Écoutez-la, petits et grands,
s’il vous plaît de l’entendre.
Il a marché sept ans déchaux,
pour faire pénitence ;
Il a jeûné quarante jours,
sans prendre soutenance.
Au bout de ces quarante jours
il a bien voulu prendre
Du pain bénit, deux doigts de vin,
une pomme d’orange ;
Encore n’a-t-il pas tout pris,
en fit part à ses anges.
Il entra dans Jérusalem
par un jour de dimanche,
Rencontra quantité de Juifs,
lui ont fait révérence
De leurs chapeaux, de leurs rameaux,
de toute leur puissance.
Si a dit saint Pierre à saint Jean :
« Voilà grand révérence ! »
A répondu le doux Jésus :
« C’est trahison bien grande !
Avant qu’il soit vendredi nuit,
vous verrez mon corps pendre ;
Vous verrez mes bras étendus
sur une croix si grande ;
Vous verrez mon chef couronné
d’une aubépine blanche ;
Vous verrez mes deux mains clouées
et mes deux pieds ensemble ;
Vous verrez mon côté percé
par un grand coup de lance ;
Vous verrez mon sang découler
tout le long de mes membres ;
Vous verrez mon sang ramassé
par quatre petits anges ;
Vous verrez ma mère à mes pieds,
bien triste et bien dolente ;
Vous verrez la terre trembler
et les pierres se fendre ;
Vous verrez la mer flamboyer
comme un tison qui flambe ;
Les étoiles qui sont au ciel
vous le verrez descendre ;
Verrez la lune et le soleil
qui combattront ensemble. »