Le pauvre laboureur
Il a bien du malheur
Du jour de sa naissance
’L est déjà malheureux.
Qu’il pleuve, qu’il tonne, qu’il vente,
Qu’il fasse mauvais temps,
L’on voit toujours, sans cesse,
Le laboureur aux champs.
Le pauvre laboureur
Il n’est qu’un partisan ;
Il est vêtu de toile
Comme un moulin à vent ;
Il met des arselettes,
C’est l’état de son métier
Pour empêcher la terre
D’entrer dans ses souliers.
Le pauvre laboureur
A de petits enfants ;
Les envoie à la charrue
À l’âge de quinze ans.
Il a perdu sa femme
À l’âge de trente ans ;
Elle le laisse tout seul
Avecques ses enfants.
Le pauvre laboureur,
Il est toujours content ;
Quand ’l est à la charrue,
Il est toujours chantant.
Il n’est roi ni prince,
Ni duc, ni seigneur
Qui ne vive de la peine
Du pauvre laboureur.