LETTRE DE PELOT DE BETTON
Ma chère maman, je vous écris
Que j’seis arrivé dans Paris
Et que votr’ gars est caporal
Et qu’y s’ra bentôt général !
À la bataill’ je combattions
Les ennemis de la nation
Et tous ceux qui se présentâs
À grands coups de sabr’ je l’z-émondâs !
Par là passit mon général
Qui dit : V’là un brav’ caporal !
Et puis me demandit mon nom
J’li repondit : Pelot d’Betton !
Il attirit z-un biau ruban
Et je n’sais quai au bout d’argent.
I’m dit : Bout’ ça à ton habit
Et combat tourjou l’ennemi !
Faut qu’ça sait d’quai ben précieux
Pisque tous l’z-aut’ m’appellent Monsieur !
Et bout’ lou mains à leu chapiau
Quand ils veul’ conter o Pelot !
Maman, si j’meurs en combattant
J’vous enverrai mon biau ruban
Et vous l’bout’rez à votr’ fusiau
Pour vous souveni’ du gars Pelot !
Je vous dit ren pour mon cousin
Vous li direz que j’me port’ ben
Et j’seis votr’ très humb’ serviteur
Pelot qui vous salue de cœur !