LES TRISTES NOCES
Qui veut ouïr chanson / Chansonnette nouvelle
Chante rossignolet
Qui veut ouïr chanson / Chansonnette nouvelle
C’est d’un jeune garçon / Et d’une demoiselle
Ont fait l’amour sept ans / Sept ans sans rien en dire
Mais au bout de sept ans / Le galant se marie.
Au jardin de sa mère / Y a un buisson d’orties
En a fait un bouquet / Pour porter à sa mie.
« Tenez, ma mie, tenez / Voici la départie.
À une autre que vous / Mon père me marie. »
« Celle que vous prenez / Est-elle plus jolie ? »
« Pas si jolie que vous / Mais elle est bien plus riche.
La belle, en vous priant / Viendrez-vous à mes noces ? »
« Aux noces n’irai pas, / Mais j’irai à la danse »
« La belle, si vous venez, /Venez-y donc bien propre. »
La belle n’y a manqué / S’est fait faire trois robes :
L’une de satin blanc, / L’autre de satin rose,
Et l’autre de drap d’or, / Pour marquer qu’elle est noble,
Du plus loin qu’on la voit / « Voici la mariée ! »
« La mariée ne suis, / Je suis la délaissée. »
L’amant qui la salue / La prend par sa main blanche,
La prend pour faire un tour / Un petit tour de danse.
« Beau musicien français / Toi qui joues bien les danses,
Ah, joue moi-z-en donc une / Que ma mie puisse entendre. »
Au premier tour qu’elle fait / La belle tombe morte
« Oh belle, levez-vous, / Voulez-vous mourir par force ?
Si mourez pour m’amour, / Moi, je meurs pour le vôtre ! »
Il a pris son couteau, / Se le plante dans les côtes.
Les gens s’en vont disant : / « Grand Dieu, les tristes noces !
Oh, les pauvres enfants / Tous d’eux morts d’amourette ! »