Comme apres ce que la vieille a dictes toutes ces louenges de pamphille
elle se tourne vers galathée en faisant une admiration et faindre ne
l'avoir point veue.
En juxta portam video stantem galatheam
Queque locuta fui forsitan audierit.
Comment dieux voicy galathée
Aupres de ceste porte assise
D'elle j'ay esté escoutée
A ceste heure je m'en advise
Au fort en ce que je devise
De pamphille le triumphant
Avoir ne puis quelque reprise
Car c'est ung gracieulx enfant
Hic non esse modo galatheam certe putabam.
sed tamen ipsa nimis, vera locuta fui
Galathée certainement
Pas icy je ne te cuydoye
Si pres de moy presentement
Que de pamphille je parloye
Touteffois ce que j'en disoye
Aussi vray est que l'evangille
Et bref dire je ne sçauroye
Toutes les vertus de pamphille
Pamphilus ac certe cunctos precellit in urbe
Egregie vitam providet ille suas
En toutes vertus et bonté
Il precelle certainement
Tous les ceulx de ceste cité
Tant est de beau gouvernement
Il se pourvoie noblement
Sans faire aulcune vilennie
Bref c'est ung resjouissement
Que contempler sa belle vie
Illi semper honor et laus et gloria crescit
Et merito nullus invidet inde sibi
Tousjours luy croist honneur et gloire
Non sans cause c'est bien raison
Toute la cite fait memoire
Du grant honneur de sa maison
Qui de richesses a foison
Est plantureusement fournie
Et ne donne quelque achoison
Qu'on doive avoir sur luy envie
Est nimium locuplex et non tamen inde superbit
Illius et nullum copia crimen habet.
Il a richesses a planté
Et n'en est point plus orgueilleux
Mais tousjours en humilité
Se monstre doulx et gracieulx
Son fait n'est en rien vicieux
Mais a tout le monde agreable
Je ne croy pas que soubz les cieulx
Peult estre trouvé le semblable
Esset vt ipse tuus vellem galatea maritus
Hanc eandem velles rem bene si saperes.
Galathée ma gente fille
Plust a dieu et la belle dame
Que ce beau gracieulx pamphille
Fust ton mari et toy sa femme
Car je cuide et croy sus mon ame
Se bien son estat congnoissoies
Et comme chascun le reclame
Toy mesmes le desireroyes
Velle meum dixi sed non tamen ille rogavit.
Vos simul esse meum judicat arbitrium
J'ay dit que vous fussiez ensemble
Mariez beaucop je desire
Grant prouffit seroit ce me semble
Nompas qu'il le me face dire
Je ne te vouldroye pas nuyre
Galathée tu le sçais bien
Mais plus que a fille de l'empire
Je desireroye ton bien
Et genus et probitat et forma decens utriusque
Mecum concendunt vos simul esse duos.
Je arbitre que le mariage
De vous deux seroit convenable
Car la preudommie et lignaige
De tous deux est assés semblable
Oultre plus la forme honnorable
De voz corps gracieulx et gens
Monstre ceste chose traictable
Autant que fut onc de deux gens
Nostra modo vacuis deducimus ocia verbis.
Res tamen interdum grandia parva movet
E minima magnus scintilla nascitur ignis
Et generat parvum grandia principium
Cela que nous dison icy
C'est temps perdu: mais touteffois
Mariage ce font ainsi
Par peu de chose aulcuneffois
Ung grant feu peut faire en ung bois
Une bien petite estincelle
Commencer convient une fois
En toute chose naturelle
Mens mea concepit harum primordia rerum.
Atque loqui nostris cepimus inde jocis.
Jamais jour ne me apperceu
Que pamphille eu le couraige
De soy marier mais conceu
J'ay apar moy ce mariage
Puis quant j'ay veu ton personnaige
Et que la chose vient a lieu
J'en ay commencé le langaige
Mais tout cela ce n'est que jeu
Sed si rebus in hiis mea mens animus que movetur
Si placet an potius desplicet inde loqui.
Touteffois galathée dy moy
S'il te desplaist aulcunement
De ce que j'ay fait devant toy
A cest heure ce parlement
Car je te jure mon serment
Que tu es du monde la fille
Que j'ayme plus parfaictement
Mais aussi bien fais je pamphille
Deprecor ut dicas, quod dixeris ipsa tacebo.
Si celare velis sine referre loquar.
Je te pry dy moy s'il te plaist
Entre nous deux secretement
Quelle ton oppinion est
De cecy parle seurement
Se tenir le vueil celéement
Voulentiers je le celeray
Se parler veulx publicquement
Pareillement je parleray
Dic michi ne dubita sculeum depone timorem
Hic venit a sola ruscicitate timor
Dy moy tout belle je te prie
Se pamphille vouloit te avoir
Le vouldrois tu point, ne crains mie
A me faire cecy sçavoir
Pas ne vien pour te decepvoir
Se tu es en difficulté
Se te crainte te font mouvoir
Folie et rusticité