Martyrs
Qui frappe ? Encore les voisins,
le cinéma, les bons apôtres...
Tirez-vous donc, bande d'oursins !
Elle avait mes yeux, pas les vôtres.
Vous n'allez pas m'expliquer, vous,
le goût de soleil de sa bouche,
ses pauvres bras, ses cheveux fous.
Un trésor, c'est pour qu'on y touche.
Nous, la zone, ne possédons
pour tout charme et toute rapaille,
que le regard de nos lardons,
leur odeur de sucre et de paille.
D'abord, et d'une, on m'acquitta.
Laissez cette bon Dieu de porte !
Ils savent bien, ceux de l'Etat,
qu'il faut à tout prix que ça sorte,
et que ça pète quelque part,
même sur le dos d'un moustique.
Le populaire désespoir
rejoint la haute politique.
[...]
«Clic. Clac. Clic. Clac. Comme une abeille
«le fouet pi... que le cheval...
«Zut ! J'ai renversé la bouteille.
«Maman ! Ne me fais pas de mal !
«Tu vas encor te mettre en nage.
«Aï ! Maman, ne m'esquinte pas.
«Qui t'aidera pour le ménage
«Au revoir !. Embrasse papa...»
Va-t-en ! Va-t-en ! Fumier ! Salope !
Crève encor un coup si tu peux !
Tu me fouilles... Tu m'enveloppe...
les enfants, ce que c'est pompeux !
Comment veux-tu que je supporte
ton nez, tes dents comme du riz,
vingt kilos de lumière morte,
toi, méchante, qui me souris.
Il n'est pas un homme, ni même
quelqu'un de plus qu'un homme, qui
reçut un plus lourd diadème
que moi Zoé, sentier Blanqui.
Sous ma robe de pourpre immonde,
mon voile d'or sinistre à voir,
je suis la reine de ce monde.
Je suis la peine sans espoir.
Race des hommes, 1937 .