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 Théodore de Banville (1823-1891)Le Palais-Royal

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MessageSujet: Théodore de Banville (1823-1891)Le Palais-Royal   Théodore de Banville (1823-1891)Le Palais-Royal Icon_minitimeLun 22 Aoû - 2:07

Le Palais-Royal
Strophes dites par mademoiselle Maria Legault
le septembre
pour l'inauguration de la nouvelle salle
Direction Briet et Delcroix.


Toi que le caprice emporte,
Public parisien, tu
Ne t'es pas trompé de porte:
Écoute mon impromptu.

Ce palais où tout flamboie,
Riant comme un prairial
Plein de lumière et de joie,
C'est bien le Palais-Royal.

Oui, viens chez toi, foule aimée!
Après les temps révolus,
La vieille salle enfumée
Est morte: n'en parlons plus.

L'architecte Paul Sédille
A paré de cent trésors
Ce gai boudoir où tout brille,
Les lys, la pourpre et les ors.

Notre plafond, comme un astre,
Rit, par tes yeux savouré;
Le savant peintre Lavastre
Broda son dôme ajouré,

Et dans l'air, qui s'extasie,
Lança, d'un vol indompté,
Le Rire, la Fantaisie,
La Chanson, la Volupté.

Partout des apothéoses,
Des enfants ensorceleurs,
Des feuillages et des roses,
Des ruissellements de fleurs,

Et, dans leurs jeux téméraires
Et leurs fiers ébats, Dalou
A sculpté partout les frères
De l'Amour, ce gai filou.

O Comédie! ô Folie!
Qui riez sur les néants,
Sa main, pour charmer Thalie,
Modela vos fronts géants,

Et, souffletant nos augures,
Vers un avenir voilé
Vous volez, saintes figures,
Dans l'idéal étoilé!

Puis dans un cartel mystique
S'inscrit, au front du palais,
Le miraculeux distique
Du grand aïeul Rabelais.

Car c'est lui que veulent suivre
Nos auteurs, sans orgueil vain,
Et c'est lui qui les enivre
Avec son généreux vin.

Nos pères, dans leur souffrance,
Buvaient ce vin écumeux
Qui désaltéra la France,
Et nous le boirons comme eux!

C'est ici qu'en son délire,
S'ouvrit aux grands histrions
La chère maison du Rire:
Donc, ô mes amis! rions.

Notre passé fut si riche!
Et, sans nul doute, on connaît
Nos maîtres: Sardou, Labiche,
Et Meilhac, et Gondinet;

Halévy, plein de finesse;
Siraudin et Delacour,
Thiboust, sourire et jeunesse
De la muse de l'amour!

Puis, sous la clarté des lustres,
La comédie eut chez nous
Ses bouffons les plus illustres:
O souvenir triste et doux!

Autrefois, jeune et frivole,
C'est ici que Déjazet
Égrenait sa chanson folle,
Et, comme un ruisseau, jasait.

Achard, qui charma la ville,
Tousez, qui n'était pas sot,
Leménil, le bon Sainville,
Et Levassor, et Grassot;

Gil Pérès, hélas! Thalie
A chéri ces grands railleurs
Pleins de verve et de folie;
Moi, j'en passe, et des meilleurs,

Mais Émile Bayard groupe
Sur un panneau triomphant
Toute l'immortelle troupe
Qui commence à Mars enfant,

Et qui posséda naguère
Ces rois de notre métier
Armés pour la grande guerre:
Samson, Régnier et Potier!

Puis, de cette époque sainte,
Ingénieux et malin,
Reste le bon Hyacinthe
Avec son nez aquilin;

Et celui qui te déride,
Le grand, le vrai sage, effroi
De la bêtise candide:
L'inimitable Geoffroy;

Geoffroy, qui jette et secoue
Sur les types qu'il revêt
Tant de lumière, et qui joue
Comme Molière écrivait!

Et de tant de gloire éparse
Demeure aussi Lhéritier,
Qui des princes de la farce
Est le fidèle héritier!

Puis, cher public qui m'accueilles,
Après les glorieux noms
Envolés comme des feuilles,
Tremblants d'espoir, nous venons.

Exempts de toute humeur noire,
Tu nous verras toujours gais,
Très sûrs de notre mémoire,
Contents, jamais fatigués.

Nous mettrons dans nos programmes
Tout, hors le genre ennuyeux.
C'est à toi seul que nos femmes
Feront ici les doux yeux.

Oui, nous ferons pour te plaire
Un effort quotidien;
Mais donne-nous pour salaire,
Ami, ce que tu sais bien,

Et, par un doux bruit sonore
Charmant notre essai loyal,
Dis que nous sommes encore
Ton bon vieux Palais-Royal!
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Théodore de Banville (1823-1891)Le Palais-Royal
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