Toute la Lyre
Un grand souffle court dans les bois
Et sur les cimes éternelles;
J'entends parler toutes les voix
Et frissonner toutes les ailes.
Le Rhythme chante, inassouvi,
Le brouillard déchire ses gazes,
Et nous suivons d'un oeil ravi,
Le vol effrayant des Pégases.
Dans l'éther vaste et radieux,
Loin des cloaques et des fanges
Éclatent le rire des Dieux
Et le chant triomphal des Anges.
Sombre et délicieux tourment,
Orgueil, amour, espoir, délire,
Écoutez, c'est l'enchantement
De la prodigieuse Lyre!
A travers les cieux arrogants
Elle chasse un troupeau d'Aurores
Et les cheveux des Ouragans
Sont pris dans ses cordes sonores.
L'Océan fait gronder ses flots
Et là gémit et se démène
Avec des cris et des sanglots,
Et pleure la Misère humaine.
Qui vous agite sur nos fronts,
Épopée où le sang ruisselle,
Douce idylle, chant des clairons,
O symphonie universelle,
Et vous, colères de l'autan,
Caresses de l'aube vermeille,
Et toi, Nuit! C'est le grand Titan,
HUGO, qui parle et se réveille.