II
BALLADE EN VUE D’HONORER LES PARNASSIENS
A Ernest Jaubert.
OR on vivait en des temps fort affreux
Où la réclame était mal en avance.
Dans la bataille aux rimes plus d’un preux
Tout juste eut pour l’attaque et la défense
Quelque canard d’Artois ou de Provence;
Mais Phoebus vint qui reconnut les siens
Et sut garder, vainqueurs, de toute offense
Les chers, les bons, les braves Parnassiens.
Bien que tenus un peu pour des lépreux,
Ne touchant guère en fait de redevance
Que tels petits écus des moins nombreux
Et l’amour et l’eau claire pour chevance
Unique avec la faim de connivence,
Tous, aussi bien les neufs que les anciens,
Ils marchaient droit dans la stricte observance,
Les chers, les bons, les braves Parnassiens.
C’étaient, après les Maîtres valeureux,
Ces pages fiers: Mendès en son enfance
Mais qui déjà portait des coups heureux,
-Ah lui! ne l’eût oncques la rime en vance
Gêné du tout, voir celle en revance, -
Heredia, fleur des patriciens,
Dierx, Cazals, que leur nom pur devance,
Les chers, les bons, les braves Parnassiens.
ENVOI
Princes et rois « gardés de toute offense »,
Ai-je dit, l’un de ces miliciens,
Qu’à leurs santés boivent l’eau de Jouvence
Les chers, les bons, les braves Parnassiens.