A LYDIE
ODE
Lydia, dic, per omnes, etc.
(HoR., !ib. 1, ode VIII.)
Au nom des Dieux dont tu te ris,
Lydie, en ta folle tendresse,
Veux-tu donc perdre Sybaris?
Dans l'amour dont il est épris
Va-t-il consumer sa jeunesse?
Pourquoi n'a-t-il que du mépris
Pour Mars, pour sa noble poussière?
Pourquoi, dans l'arêne guerrière,
Surpassant ses rivaux surpris,
Ne franchit-il pas la carrière,
Fier de ses coursiers' aguerris?
Depuis que son coeur n'est plus libre,
Pourquoi craint-il l'onde du Tibre?
Pourquoi, sur ses membres flétris,
N'ose-t-il pas verser l'olive?
Pourquoi ta tendresse craintive
Amollit-elle ses esprits?
Pourquoi, sous l'armure falisque,
Ses bras ne sont-ils pas meurtris?
Pourquoi de la flèche .et du disque
N'a-t-il pas mérité le prix?
Jadis, à la douleur en proie,
Thétis, à la cour de Scyros,
Loin des fatales tours de Troie,
Elevait un naissant héros,
Qui, jusqu'au pied de leurs murailles,
Sur les Troyens anéantis
Devait semer les funérailles :
Es-tu donc une autre Thétis?
J. SAINTE-MARIE.
[Le Conservateur littéraire, 6 mai 1820.]