LE MATIN
Moriturus moriturae.
Le voile du matin sur les monts se déploie.
Vois, un rayon naissant blanchit la vieille tour ;
Et déjà dans les cieux s'unit avec amour,
Ainsi que la gloire à la joie,
Le premier chant des bois aux premiers feux du jour.
Oui, souris à l'éclat dont le ciel se décore ! -
Tu verras, si demain le cercueil me dévore,
Luire à tes yeux en pleurs un soleil aussi beau,
Et les mêmes oiseaux chanter la même aurore,
Sur mon noir et muet tombeau !
Mais dans l'autre horizon l'âme alors est ravie.
L'avenir sans fin s'ouvre à l'être illimité.
Au matin de l'éternité,
On se réveille de la vie,
Comme d'une nuit sombre ou d'un rêve agité !