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 Victor HUGO (1802-1885) L'aurore apparaissait; quelle aurore? Un abîme

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James
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James


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Victor HUGO (1802-1885) L'aurore apparaissait; quelle aurore? Un abîme Empty
MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) L'aurore apparaissait; quelle aurore? Un abîme   Victor HUGO (1802-1885) L'aurore apparaissait; quelle aurore? Un abîme Icon_minitimeDim 25 Sep - 16:04

Ineffable lever du premier rayon d'or!
Du jour éclairant tout sans rien savoir encor!
O matin des matins! amour! joie effrénée
De commencer le temps, l'heure, le mois, l'année!
Ouverture du monde! instant prodigieux!
La nuit se dissolvait dans les énormes cieux
Où rien ne tremble, où rien ne pleure, où rien ne souffre;
Autant que le chaos la lumière était gouffre;
Dieu se manifestait dans sa calme grandeur,
Certitude pour l'âme et pour les yeux splendeur;
De faîte en faîte, au ciel et sur terre, et dans toutes
Les épaisseurs de l'être aux innombrables voûtes,
On voyait l'évidence adorable éclater;
Le monde s'ébauchait, tout semblait méditer;
Les types primitifs, offrant dans leur mélange
Presque la brute informe et rude et presque l'ange,
Surgissaient, orageux, gigantesques, touffus;
On sentait tressaillir sous leurs groupes confus
La terre, inépuisable et suprême matrice;
La création sainte, à son tour créatrice,
Modelait vaguement des aspects merveilleux,
Faisait sortir l'essaim des êtres fabuleux
Tantôt des bois, tantôt des mers, tantôt des nues,
Et proposait à Dieu des formes inconnues
Que le temps, moissonneur pensif, plus tard changea;
On sentait sourdre, et vivre, et végéter déjà
Tous les arbres futurs, pins, érables, yeuses,
Dans des verdissements de feuilles monstrueuses;
Une sorte de vie excessive gonflait
La mamelle du monde au mystérieux lait;
Tout semblait presque hors de la mesure éclore;
Comme si la nature, en étant proche encore,
Eût pris pour ses essais sur la terre et les eaux
Une difformité splendide au noir chaos.

Les divins paradis, pleins d'une étrange séve,
Semblent au fond des temps reluire dans le rêve,
Et pour nos yeux obscurs, sans idéal, sans foi,
Leur extase aujourd'hui serait presque l'effroi;
Mais qu'importe à l'abîme, à l'âme universelle
Qui dépense un soleil au lieu d'une étincelle,
Et qui, pour y pouvoir poser l'ange azuré,
Fait croître jusqu'aux cieux l'Éden démesuré!

Jours inouïs! le bien, le beau, le vrai, le juste,
Coulaient dans le torrent, frissonnaient dans l'arbuste;
L'aquilon louait Dieu de sagesse vêtu;
L'arbre était bon; la fleur était une vertu;
C'est trop peu d'être blanc, le lis était candide;
Rien n'avait de souillure et rien n'avait de ride;
Jours purs! rien ne saignait sous l'ongle et sous la dent;
La bête heureuse était l'innocence rôdant;
Le mal n'avait encor rien mis de son mystère
Dans le serpent, dans l'aigle altier, dans la panthère;
Le précipice ouvert dans l'animal sacré
N'avait pas d'ombre, étant jusqu'au fond éclairé;
La montagne était jeune et la vague était vierge;
Le globe, hors des mers dont le flot le submerge,
Sortait beau, magnifique, aimant, fier, triomphant,
Et rien n'était petit quoique tout fût enfant;
La terre avait, parmi ses hymnes d'innocence,
Un étourdissement de séve et de croissance;
L'instinct fécond faisait rêver l'instinct vivant;
Et, répandu partout, sur les eaux, dans le vent,
L'amour épars flottait comme un parfum s'exhale;
La nature riait, naïve et colossale;
L'espace vagissait ainsi qu'un nouveau-né.
L'aube était le regard du soleil étonné.

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J'adore les longs silences, je m'entends rêver...  
James
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