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 Victor HUGO (1802-1885) Quoi ! le libérateur qui par degrés desserre

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MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) Quoi ! le libérateur qui par degrés desserre   Victor HUGO (1802-1885) Quoi ! le libérateur qui par degrés desserre Icon_minitimeMar 27 Sep 2011 - 21:14

Quoi ! le libérateur qui par degrés desserre
La double chaîne noire, ignorance et misère,
Le balayeur qui jette au vent le préjugé,
Quoi ! l'immense marcheur, jamais découragé,
Le Progrès, qui de flamme éblouit le vulgaire,
Détrône l'échafaud et musèle la guerre,
Qui fait avec les moeurs des ratures aux lois,
Change en romain l'étrusque, en français le gaulois,
Crée et brise, sans cesse use l'un contre l'autre
Les mensonges, et va, rapide et ferme apôtre,
Lui, dont la chaude haleine émeut l'homme troublé,
Quoi ! lui, le destructeur flamboyant, étoilé,
De l'antique caverne et de l'antique geôle,
Il n'a pu fondre encor la glace que d'un pôle !
Quoi ! celles qui de l'âme élèvent le niveau
Et qui n'ont qu'à passer pour faire un ciel nouveau,
Quoi ! du pur idéal ces comètes errantes,
Ces guerrières du bien, ces vastes conquérantes,
Les révolutions, archanges de clarté,
N'ont mis que la moitié de l'homme en liberté !
L'autre est encore aux fers, et c'est la plus divine.
Doux oiseaux qui chantez là-bas dans la ravine,
Quand donc lèvera-t-on l'écrou du triste amour ?

Ô rossignol de l'ombre, alouette du jour,
Vous, gais pillards des blés, des seigles et des orges,
Moineaux, vous, amoureux de l'azur, rouges-gorges,
Fauvettes qui planez de l'aube jusqu'au soir,
C'est pour vous, n'est-ce pas ? une douleur de voir
Que la porte de l'air s'est brusquement fermée
Au moment où les coeurs à travers la ramée
S'envolaient, tendre essaim vers le ciel bleu poussé,
Et que la vieille cage horrible du passé,
Où toujours notre effort retombe et nous ramène,
Tient par une aile encor cette pauvre âme humaine !
Ô libres oiseaux, fiers, charmants, purs, sans ennuis,
Vous dites à l'aurore, aux fleurs, à l'astre, aux nuits :
- Est-ce qu'on ne peut pas aimer quand on est homme ?

Et l'aube où Dieu se montre, et l'astre où Dieu se nomme,
La nuit qui fait tomber ses soupirs les plus doux
Du nid des rossignols dans le trou des hiboux,
Les fleurs dont les parfums dans les rayons se fondent,
Et les herbes, les eaux, les pierres vous répondent,
D'une si douce voix qu'on ne peut l'exprimer :
- Ô bons petits oiseaux, tout est fait pour aimer !
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Victor HUGO (1802-1885) Quoi ! le libérateur qui par degrés desserre
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