Regardez-les jouer sur le sable accroupis,
Ou sur l'herbe, au milieu des fleurs, tendre tapis ;
L'un traîne la charrette et l'autre tient la pelle.
Le paradis leur parle et l'hymen les appelle.
Six ans donne parfois une tape à trois ans.
Puis l'âge vient, on marche, ô frais sentiers glissants !
Elle a six ans, il a neuf ans ; on se marie ;
L'aurore et le printemps sont en coquetterie ;
Les moineaux dans les bois font des choses entre eux
Qui changent deux enfants dans l'ombre en amoureux.
Encore un an, ou deux ; les filles sont farouches
Tout à coup, disent non, et sentent sur leur bouche
L'éclosion charmante et sombre du baiser ;
Ô mères, prenez garde ! Éros vient se poser
Dans les coeurs ; fauve oiseau, sans loi, sans frein, sans règle,
Qui commence en colombe et finit comme l'aigle.
N'importe ! c'est exquis. Cupidon est Bébé ;
Pyrame ne sait pas de quel sexe est Thisbé,
Et Bérénice joue au volant avec Tite.
Bel âge, où l'idylle est encor toute petite !