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 Victor HUGO (1802-1885) Il faut boire et frapper la terre d'un pied libre !

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Victor HUGO (1802-1885) Il faut boire et frapper la terre d'un pied libre ! Empty
MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) Il faut boire et frapper la terre d'un pied libre !   Victor HUGO (1802-1885) Il faut boire et frapper la terre d'un pied libre ! Icon_minitimeMar 27 Sep - 21:15

Il faut boire et frapper la terre d'un pied libre !
Dit Horace ; et la chose est vraie aux bords du Tibre,
Vraie aux bords de la Seine ; et songeons aux amours,
Maintenant, dit Horace, et moi je dis : Toujours !
Amis ! amis ! amis ! soyons tous frères ! gloire
À la beauté, vêtue ou non ! Va-t'en, nuit noire !
La jeune année arrive avec l'aurore au front,
Remet le temps à neuf, court d'un pas leste et prompt
Lave le ciel, sourit à la terre engourdie,
Et commence gaîment, par une mélodie,
Le printemps. Chantez, nids ! Ô fleurs, dans les fossés,
Les ravins, les étangs, les bois, les champs, croissez !
Boutons d'or que j'ai vus jadis aux Feuillantines,
Renaissez ! Fourmillez, liserons, églantines,
Pâquerettes, iris, muguets, lilas, jasmins !
Le petit enfant mai frappe dans ses deux mains.
Allons, dépêchez-vous de naître, il vous appelle.
Il veut parer la terre ainsi qu'une chapelle,
Et mettre une guirlande autour du genre humain.
Avril s'appelle Amour et juin s'appelle Hymen,
Le fruit suivra la fleur. Faisons des nids, fauvettes !
La jeune fille rêve et rit quand vous en faites.
Donnez l'exemple, oiseaux ! les vierges aux yeux doux
Vous regardent, ayant des ailes comme vous.
J'erre ; un vent tiède émeut les bois, je vois les scènes
Que font les pauvres fleurs aux papillons obscènes ;
Le lys vers le bourdon se penche, et, l'écoutant,
A l'air de s'écrier : Ah ! vous m'en direz tant !
L'ombre a le tremblement sonore d'une tente
Et cache les amours ; la nature est contente ;
Et la fécondité fermente ; et les appas,
Les soupirs, les baisers, ne s'inquiètent pas
Si quelque orage couve, et si cette gorgone,
La foudre, au loin, là-bas, à l'horizon bougonne.
Le vallon fleuri semble un encensoir fumant.
Quelqu'un a mis le feu partout, l'embrasement
Va de l'arbre au nuage et du ciel à la terre ;
La prairie a l'éclat glorieux d'un cratère,
Partout des fleurs de pourpre, et tout flambe et tout luit,
Et la création bouillonnant à grand bruit
Bout tout entière ainsi qu'une eau dans la chaudière,
Et tout rit, le soleil étant l'incendiaire.
Oh ! quelle vaste joie en cet abîme bleu !
À toute cette aurore il faudra dire adieu.
Hélas ! cela finit par s'éteindre, une fête !
Nous n'y consentons pas, on détourne la tête,
À chaque heure qui passe on veut se retenir.
Mais rien ne ralentit le pas de l'avenir,
Il ne demande pas la permission d'être,
Il vient. Souvenons-nous que demain est un traître,
Et, puisque nous avons Aujourd'hui, jouissons.
L'eau qui fuit en chantant nous donne des leçons ;
Fuyons, mais chantons. L'air est plein de senteurs douces
Un ensemencement de fleurs couvre les mousses.
L'homme est ombre ; on ne peut guère dire pourquoi
Nous sommes sur la terre. Eh bien, je le dis, moi,
C'est pour aimer. Et Dieu nous a créés pour faire
Éclore un peu d'amour sur cette obscure sphère
Et pour faire lever un astre dans nos coeurs.
Être deux, c'est la loi. Les merles, ces moqueurs,
L'observent aussi bien que le ramier fidèle.
Si la nature, avec de si puissants coups d'aile,
Remue éperdument et partout à la fois
La vie au fond des mers, des cieux, des champs, des bois,
C'est afin d'arriver à son but, faire un couple.
Si le chêne est solide et si la branche est souple,
C'est parce que le nid a besoin dans l'azur
Que le rameau soit tendre, et que l'arbre soit sûr.
L'ombre en son innocence énorme a le satyre.
L'homme cherche, la vierge attend, la femme attire ;
Léandre veut Héro, Manon veut Desgrieux ;
Sachez cela, vous tous, vivants mystérieux.
Paix aux coeurs douloureux et joie aux fronts moroses !
Quel tourbillonnement éblouissant de roses !
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Victor HUGO (1802-1885) Il faut boire et frapper la terre d'un pied libre !
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