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 Victor HUGO (1802-1885) Et je sentis mes yeux se fermer, comme si

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MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) Et je sentis mes yeux se fermer, comme si   Victor HUGO (1802-1885) Et je sentis mes yeux se fermer, comme si Icon_minitimeMar 27 Sep - 21:57

Et je sentis mes yeux se fermer, comme si,
Dans la brume, à chacun des cils de mes paupières
Une main invisible avait lié des pierres.
J'étais comme est un prêtre au seuil du saint parvis,
Songeant, et, quand mes yeux se rouvrirent, je vis
L'ombre ; l'ombre hideuse, ignorée, insondable,
De l'invisible Rien vision formidable,
Sans forme, sans contour, sans plancher, sans plafond,
Où dans l'obscurité l'obscurité se fond ;
Point d'escalier, de pont, de spirale, de rampe ;
L'ombre sans un regard, l'ombre sans une lampe ;
Le noir de l'inconnu, d'aucun vent agité ;
L'ombre, voile effrayant du spectre éternité.
Qui n'a point vu cela n'a rien vu de terrible.
C'est l'espace béant, l'étendue impossible,
Quelque chose d'affreux, de trouble et de perdu
Qui fuit dans tous les sens devant l'oeil éperdu,
La cécité glacée est plus qu'un marbre lourde,
Une tranquillité muette, aveugle et sourde,
L'horrible intérieur d'un sépulcre infini.
Cependant un reflet sur mon cercueil jauni
Me fit tressaillir, mais tout restait immobile ;
Et je vis dans cette ombre une lueur tranquille,
Un flamboiement profond, fixe, silencieux,
Pareil à la clarté que ferait à nos yeux
Derrière un rideau noir une torche allumée.
Et nul bruit ne sortait de l'ombre inanimée ;
Car, sachez-le, vivants, hors du clair firmament,
L'affreuse immensité se tait lugubrement.
Cette clarté semblait, à la fois vie et flamme,
Regarder comme un oeil et penser comme une âme ;
Ce n'était cependant qu'un voile, et l'on sentait
Derrière la lueur quelqu'un qui méditait.
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Victor HUGO (1802-1885) Et je sentis mes yeux se fermer, comme si
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