Par une corde au sol la cage était fixée.
Il mit aux quatre coins les quatre aigles béants.
Il leur noua la serre avec ses doigts géants
Et les monts entendaient les durs oiseaux se plaindre.
Puis il lia, si haut qu'ils n'y pouvaient atteindre,
Au-dessus de leurs fronts inondés de rayons
Les piques où pendaient la viande des lions;
Nemrod dans ce char, noir comme l'antique Erèbe,
Mit un siège pareil à son trône de Thèbe,
Et cent pains de maïs et cent outres de vin.
Zaïm n'essayait pas même un murmure vain;
Et dans la cage, auprès de sa chaise thébaine,
Le roi fit accroupir l'eunuque au front d'ébène;
Et les cèdres disaient : Que va-t-il se passer?
Sur la cage inquiète et prête à traverser
Des horizons nouveaux et d'étranges tropiques,
Les quatre aigles criaient au pied des quatre piques.
Alors, une tiare au front comme Mithra,
Nemrod, son arc au dos, sa flèche au poing, entra
Dans la cage, et le roc tressaillit sur sa base;
Et lui, sans prendre garde aux frissons du Caucase,
Vieux mont qui songe à Dieu sous les soirs étoilés,
Coupa la corde, et dit aux quatre aigles : Allez.
Et d'un bond les oiseaux effrayants s'envolèrent.