LILITH-ISIS
Ô Jean, visionnaire effaré de Pathmos,
Comme tu te cachais derrière les rameaux,
Avec saint Marc, alors jeune et l'un des lévites,
En vous penchant parmi les arbres noirs, vous vîtes
Sur la colline un être effrayant, vague, seul,
Debout dans le frisson livide d'un linceul;
C'était de l'ombre ayant la forme d'une femme;
Cet être guettait Christ dans cette troupe infâme,
Comme s'il était là pour une mission;
Or la bande aperçut, en rentrant dans Sion,
Cette femme fixant sur eux dans les ténèbres
Ses deux yeux qui semblaient deux étoiles funèbres;
Un d'eux, que le Toldos appelle Eddon-Azir,
Courut vers elle, et comme il allait la saisir,
L'être, pareil aux feux fuyant dans l'ossuaire,
Disparut, lui laissant dans les mains le suaire.
Et plus tard, les soldats, contant après l'arrêt
Comment ils avaient pris Jésus de Nazareth,
Dirent qu'ils avaient vu sur la montagne sombre
La fille de Satan, la grande femme d'ombre,
Cette Lilith qu'on nomme Isis au bord du Nil.