JÉSUS CHEZ ANNE
Jésus lié marchait disant : Ainsi soit-il!
On le mena d'abord chez Anne, ancien grand-prêtre,
Pour qu'il attendit là l'heure de comparaître,
Des servantes, des gueux, des vendeurs de poissons,
Des sacrificateurs vêtus de caleçons,
Le flot des curieux qui passe et qui repasse,
Entouraient Christ assis dans une salle basse;
Il était nuit; mais Anne, étant levé déjà,
Descendit, vint trouver Christ, et l'interrogea.
Et Christ lui répondit : - Interrogez la foule.
J'ai versé mon esprit comme une eau qui s'écoule.
Prêtre, j'ai deux témoins : l'homme et le firmament.
Parlez-leur. J'enseignais partout publiquement.
Et quant à mon royaume, il n'est pas de la terre.
Je n'ai rien à vous dire et n'ai rien à vous taire.
Qu'est-ce que vous venez demander à présent? -
Un soldat le frappa de sa verge en disant :
- Est-ce ainsi qu'on répond à notre ancien grand-prêtre?
- Si j'ai mal dit, tu peux blâmer, dit le doux maître;
Mais si j'ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu?
Anne disait, s'étant à la hâte vêtu :
- J'ai froid. - Et tous criaient : - C'est un impie! Exemple!
Châtiment! il a dit qu'il détruirait le temple,
Seigneur, et qu'en trois jours il le rebâtirait.
- Peuple, le tribunal prononcera l'arrêt,
Dit Anne, et non pas moi : car je n'en suis plus membre.
Et, leur laissant leur proie, il rentra dans sa chambre.
Alors, ayant bandé les yeux du patient,
Ils l'outragèrent, tous pêle-mêle, et criant :
- Devine qui te frappe! et prophétise, ô sage!
Dis-nous quel est celui qui te crache au visage?
Fais sécher, si tu peux, le poing qui te meurtrit,
Messie!
Et les valets souffletaient Jésus-Christ.