Alors, dans le champ vague et livide de l'ombre;
Se répandit, fumant, on 'ne sait quel, flot noir,
O terreur! et l'on vit; sous l'effrayant pressoir,
Naître de la lumière à.travers d'affreux voiles,
Et jaillir et couler -du sang et des étoiles;
On vit le vieux sapin des trônes ruisseler,
Tandis qu'on entendait l'ancien monde râler,
Et, le front radieux, la main rouge et'fangeuse,
Chanter la Liberté, la grande vendangeuse.
Jours du-peuple ,cyclope et de l'esprit titan!
Vie et trépas tournant le même cabestan!
Temps splendide et fatal qui mêle en sa fournaise
Au cri d'un Josaphat l'hymne d'une Genèse!
Quiconque t'osera regarder fixement, ,
Convention, cratère, Etna, gouffre fumant,
Quiconque plongera la fourche dans .ta 'braise,
Quiconque sondera ce puits,: Quatrevingt-treize,
Sentira se cabrer et s'enfuir- son esprit.
Quand Moïse vit Dieu, le vertige le prit;
Et moi, .devant l'histoire aux' horizons sans nombre,
Je tremble, .et j'ai le même éblouissement sombre.
Car c'est voir Dieu que voir les grandes lois du -sort.
Non! le glaive, la mort répondant à la mort,
Non, 'ce n'est' pas la fin. Jette plus bas la sonde,
Mon esprit. Ce serait l'étonnement du monde
Et la déception des hommes qu'un progrès
Ne vînt pas sans laisser aux justes des 'regrets,
Que l'ombre attristât l'aubé à se lever si lente,
Et que, pour ré toucher avec sa màin sanglante
Le temps de lui céder la place et le chemin,
Toujours l'affreux hier ensanglantât demain!.
Non, ce 'n'est pas la fin. Non, il n'est pas possible,
Dieu, que toute ta loi soit de changer de cible,
Et de faire passer le meurtre et le. forfait
Des mains des rois aux mains du peuple stupéfait.
Le peuple ne veut pàs de ce morne héritage.
Que serait donc l'effort de l'homme si le sage
N'avait à constater qu'un résultat 'si vain,
Le' choc du droit humain contre le droit divin!.
Et 's'il n'apercevait que cette lueur trouble
Quand il écoute au fond de l'ombre la voix double,
Le passé, l'avenir, la matière, l'esprit,
.La voix du peuple Enfer, _la voix, du peuple Christ!
C'est vrai, l'histoire est sombre. Ô rois! hommes tragiques!
Démences du pouvoir sans limites! logiques
De l'épée et du sceptre, exterminant, broyant,
'Allant à travers tout à leùr but effrayant!
Oh! la toute-puissance- a Caïn pour ancêtre.
Rien qu'à voir par éclairs les siècles apparaître,
Quels rêves inouïs! que d'étranges lueurs : -
Voici les idiots à côté des tueurs.
Zam, s'éveillant trop tard, met l'aurore à l'amende;
Claude égorge sa femme et puis la redemande;
Bajazet :veut lier les, vents.à des- poteaux; .