Le droit.n'a pas besoin de se mettre en fureur,
Et d'arriver les mains pleines de violences, '
Et dejeter'un glaive au plateau des balances.
Il paraît, on tressaille; il marche; on dit: C'est Dieu.
Mort à la mort! Au feu la loi sanglante! au feu
Le vieux koran de fer, l'affreux code implacable
Qui tord l'irrémissible avec l'irrévocable,
Qui frappe, qui se venge, et qui se trompe! A bas,
Croix qui saisis Jésus et lâches Barrabas!
A bas, potence,. avec toutes tes branches noires!
Fourche que Vouglans mêle à ses réquisitoires,
Solive épouvantable où Tristan s'accouda,
Machine de Tyburn et de la Cébeda,
Démolis-toi toi-même, et croule, mutilée,
Avec le saint-office et la chambre étoilée,
Et tourne contre toi la mort que tu contiens!
Charpente.que l'enfer fait.lécher: à ses chiens,
Va pourrirdans la terre éternelle et divine
Qui ne te connaît point,' toi l'arbre sans racine,
Qui t'exclut de la sève et qui ne donne pas
La vie au, bois féroce où germe le trépas!
Fuis, dissous-toi; perds-toi dans la grande nature!
Engins qu'a maniés le.meurtre et la, torture,
O monstrueux outils de la tombe, assassins,
Rappelez-vous les bons, les innocents, les saints,
Et, demandez-vous-en compte les uns aux autres!
Tous les crimes du faible ont pour source les vôtres.
Poutre, ébrèche la hache et brise-le couteau!
Hache, deviens cognée et frappe le poteau!.
Frappe! Exterminez-vous, ,ô ténébreux complices!
Et tombe pêle-mêle,. ô forêt des supplices,
Roue, échelle, garrot, gibet, et.glaive,,et faulx,
Sous le bras du progrès, bûcheron d'échafauds!
Non, non quoi que ce soit qui ressemble à la haine.
N'est pas le dénouement, et l'aurore est certaine;
C'est au bonheur que doit,. quoi qu'on fasse, aboutir
L'effort humain, ce sombre et souriant martyr;
La vie 'aux yeux sereins sort,toujours de la tombe;
Tout déluge 'a pour fin le vol d'une colombe
Jamais l'espoir sacré.n'a dit :'Je'me trompais.
Oh! ne vous lassez point, penseurs; versez la paix,
Versez la foi, versez l'idée et la'prière,
Et sur ces flots de nuit des torrents de lumière!
Gloire à' Dieù! nul progrès ne se fait à demi...
Le malheur du méchant,, le 'deuil de l'ennemi,
Non, ce n'est pas le but, sous & Ciel qui déborde
De bonté, de pardon, d'extase et, de concorde.
Vivants,' toutes les fois que ce globe de' fer,
Ébauche un peu d'édén, ruiné' un peu d'enfer,
Et qu'un écueil's'éCioule; et' qu'un phare, flamboie,
Et que les nations font des pas vers la joie
En luttant, en cherchant; en priant, en aimànt
' Le ciel rayonné et semble un 'grand consentement.
Ô tous! vivez, marchei, croyez! sôyez tranquilles.
- Mais quoi! le râle sourd des discordes civiles,