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 Victor HUGO (1802-1885) Une nuit jé rêvais, et je vis dans mon rêve

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MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) Une nuit jé rêvais, et je vis dans mon rêve   Victor HUGO (1802-1885) Une nuit jé rêvais, et je vis dans mon rêve Icon_minitimeMar 1 Nov - 0:00

Une nuit jé rêvais, et je vis dans mon rêve
Une plaine sans bords pareille aux flots sans grève,
Ouverte à tous les vents comme les vastes mers.
C'était un de. ces lieux inquiets et déserts
Où flotte encor le bruit confus des multitudes,
Où l'on sent à travers les mornes solitudes,
Aux palpitations dont frémit l'air troublé,
Quelque peuple inconnu, comme une onde écoulé.
Cette plaine était rousse, immense, triste et nue,
Sans une goutte d'eau pour refléter la nue.
Pas un champ labouré, pas un toit. Nul témoin,
Nul passant. Seulement on y voyait au loin
De grands lions de pierre, étranges et superbes,
De distance en distance isolés dans les herbes.
Immobiles, debout sur des granits sculptés
Qu'étreignaient les buissons par le vent agités,
Tous ayant quelque fière et terrible posture,
Ils semblaient, au milieu de la sombre nature
Qui rayonnait dans l'ombre à mon oeil ébloui,
Ecouter la rumeur d'un monde évanoui.

Qu'est-ce que ces lions faisaient dans cette plaine?
Peut-être y gardaient-ils quelque mémoire vaine,
Quelque grand souvenir dans l'ombre descendu,
Comme des chiens pensifs dont le maître est perdu?
Etaient-ce des rochers? Etaient-ce des fantômes?
Peut-être avaient-ils vu tomber bien des royaumes.
Qui sait? avant ces temps obscurs, profonds, lointains,
Où l'histoire à tâtons perd ses flambeaux éteints,
Où la tradition indistincte s'émousse,
Peut-être étaient-ils là, déjà rongés de mousse?
Peut-être l'ouvrier n'avait-il 'rien d'humain
Qui lés avait sculptés de sa puissante main?
Qui donc 'les avait mis seuls dans ce vaste espace
Pour entendre à jamais pleurer le vent qui passe,
Siffler l'herbe et glisser le lézard dans les grès?
Sans oser faire un pas, je les considérais

Avec l'effroi qu'on a devant les choses sombres.
Nul vestige autour d'eux, ni sentiers, ni décombres;
Rien que la ronce obscure et le buisson noirci.

Or, tout à coup, pendant que je rêvais ainsi,
Il apparut, -c'était l'heure où le jour recule, -
Dans le ciel sépulcral et froid du crépuscule,
L'aile ouverte et planant sur cet horizon noir,
Un oiseau monstrueux, vaste, effroyable à voir,
D'une forme inconnue à la nature entière,
Si fauve et si hideux que les lions de pierre
S'enfuirent en poussant de longs rugissements.

Ô Dieu, vous qui penché sur les esprits dormants,
Leur envoyez la nuit le Moloch ou l'Archange,
Que vouliez-vous me dire avec ce 'songe étrange?
Serait-ce, après nos jours sans joie et sans honneur,
La figure des temps où nous entrons, Seigneur?
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Victor HUGO (1802-1885) Une nuit jé rêvais, et je vis dans mon rêve
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