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 Victor HUGO (1802-1885) La haine, tantôt fière, effrontée, ingénue

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Victor HUGO (1802-1885) La haine, tantôt fière, effrontée, ingénue Empty
MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) La haine, tantôt fière, effrontée, ingénue   Victor HUGO (1802-1885) La haine, tantôt fière, effrontée, ingénue Icon_minitimeMar 1 Nov - 0:08

La haine, tantôt fière, effrontée, ingénue,.
Aspire à s'étaler au soleil toute nue,
La calomnie aux dents, rit d'un sage ou d'un roi,
Lève sa jupe infâme 'et dit admirez-moi!
Tantôt, se souvenant qu'elle a mêlé peut-être
Jadis à vos amis son sourire humble et traître,
Elle arme sa fureur d'un regard innocent,
Emmielle son poison, et glisse en gémissant
Sa morsure plus lâche, et plus âcre et meilleure
Sous un. masque éraillé d'ancien ami qui pleure!
« Ce pauvre ami, dit-elle, oh! comme il est changé!
.« Dans cette voie, hélas! pourquoi s'être engagé!
« Disons-lui qu'il se perd par amour pour la gloire... »
O vile hypocrisie! envie. épaisse et noire
Qui s'attache à l'esprit comme -la rouille au fer!
Louches regards!, pleurs, faux, qui font rire l'enfer!
Prends-tu l'humanité pour la. cause finale?
Crois-tu que cette sombre' aïeule virginale,
Toute jeune et portant les siècles sur son front,

Qui fait tomber l'encens des fleurs, les fruits du tronc,
Des feuilles la fraîcheur, de l'écorce la gomme,
La nature sacrée est servante chez l'homme, '
. Qu'elle l'adore, prend ses ordres, suit ses pas,
Fait les quatre. saisons pour ses quatre repas,
Et n'a pour fonction, toute à ce maître étrange,
Que de bercer le lit de cette âme qui mange,
De' ce coeur compliqué d'un ventre, et le hamac
De cet esprit 'sublime orné d'un estomac,
Qui suce et boit du sang' en rêvant des doctrines,
Et qui s'emplit à l'auge et se vide aux latrines?
Crois-tu que l'ache'verte. en poussant ait pour but
'Dé'préservei ta' bouché et tes dents du scorbut?
Crois-tu que la montagne, où Dieu laissa ses traces,
N'a d'autre utilité que d'être, quand 'tu chasses,
L'écho des voix; des cris, des cors et des abois?
Crois-tu que lé, croissant, lampe oblique des bois,
Qui lorsque le bandit 'sent le sbire à ses trousses,
Se cache à point derrière un tas de branches rousses,
Egarant la patrouille avec le caporal,
Soit du rôdeur de nuit le complice moral?
Crois-tu que l'aquilon soit le garçon de salle
Qui vient te balayer l'azur quand il est sale?
Que l'eau pense à l'usine en courant au ravin?
Penses-tu que ce soit pour te sucrer ton vin
Que la comète va chez toi, sombre évadée?
Dis-tu, quand tes pavés sont lavés par l'ondée:
Bien, bon Dieu!. la besogne est faite ce matin!
Crois-tu que dans un ciel perdu, gouffre lointain
Qui sent; au froid rayon-du soleil qui l'éclaire,
Se mêler l'effrayante attraction stellaire,
Dans un ciel où jamais un ange ne vola,
Une planète morne ,et fatale, au delà
D'Uranus qui lui-même est plus loin que Saturne,
Se traîne, obscure; sourde, âpre, 'à jamais nocturne,
Traçant dans l'être,. au fônd d'un blême 'tourbillon,
Presque hors de la vie un lugubre sillon;
Et que cette planète épouvantable râle,
' Et que ce monde triste' autour du soleil pâle
'Qu'à travers' la distance il peut à péine voir,
Accomplisse, tournant comme un chariot noir,
Une sinistre année, égale à cent des vôtres; -
Et que, monstre, géant des globes, loin des autres,
Il traverse à jamais, seul dans un sombre bruit,
Un ouragan d'hiver, d'épouvante et de nuit,
Et soit énorme, et soit funeste, et soit horrible,
Et montre à l'ombre ,immense une face terrible,
Pour faire, en votre bouge et dans votre, terrier,
.Donner la croix d'honneur à monsieur Leverrier
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Victor HUGO (1802-1885) La haine, tantôt fière, effrontée, ingénue
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