PLUME DE POÉSIES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

PLUME DE POÉSIES

Forum de poésies et de partage. Poèmes et citations par noms,Thèmes et pays. Écrivez vos Poésies et nouvelles ici. Les amoureux de la poésie sont les bienvenus.
 
AccueilPORTAILS'enregistrerDernières imagesConnexion
 

 Victor HUGO (1802-1885) Thiers raille Mazzini; Pitt raille Washington

Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité




Victor HUGO (1802-1885) Thiers raille Mazzini; Pitt raille Washington Empty
MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) Thiers raille Mazzini; Pitt raille Washington   Victor HUGO (1802-1885) Thiers raille Mazzini; Pitt raille Washington Icon_minitimeJeu 3 Nov - 22:06

Thiers raille Mazzini; Pitt raille Washington;
Juvénal à Nisard semble de mauvais ton,
Shakspeare fait hausser à Planche les épaules;
Avant que la vapeur eût conquis les deux pôles,
Les savants bafouaient Fulton; monsieur Pouillet,
Qui naguère au zénith de l'Institut brillait,
Niait le télégraphe électrique, folie!
L'esprit noué déteste.un esprit qui délie
Celui qui voit de près et bas méprise un peu
L'Himalaya; le ciel, ce précipice bleu,
Ce noir puits des éclairs, déplaît à ces bonshommes
Qui ne savent jamais au juste où nous en sommes,
Et qui, fort dédaigneux: d'Euler et de Newton,
Ne marchent qu'en tâtant le chemin-du bâton;
Essayez donc de faire admirer aux myopes
Le regard. étoilé des sombres Calliopes
Assises sur le Pinde et sondant l'infini!
Eschyle; ce proscrit, et Dante, ce banni,
Radotent, et leur -vué est par l'exil faussée;
L'âme de Job paraît à Prudhomme insensée,
Car c'est aux envieux et c'est aux impuissants
Qu'appartient cette chose auguste, le bon sens;
L'époux que se choisit la foule, c'est l'eunuque;
Le chef incontesté sous qui.courbent la nuque
Tous les traîneurs de sabre et les porte-rabats,
C'est un Midas à qui Zoïle parle bas.
Quand il rôde au milieu des villes, Isaïe
Sent par les noirs vivants sa grande âme haïe,
Et marche sans trouver un coeur qui le comprend;
Les blêmes insulteurs suivent Corneille errant;
Derrière. Milton gronde une meute livide.
Quiconque a le talent d'être lourd étant vide
Est sûr d'être admiré des fats et des jaloux,
Ces chiens qui pour les grands et les forts sont des loups;
Voyez-les se jeter sur les talons d'Homère!
Voyez-les vénérer le crétin éphémère,

Le zéro solennel qui, pour l'instant, prévaut -
Chez-la gent soldatesque ou dans le clan dévot!
Un idiot étant-l'étui d'un personnage,
Il suffit qu'un grimaud soit plus vieux que son âge
Et qu'il se taise'avec'l'air d'un niais profond
Pour qu'on l'estime; et ceux qui font et qui défont
Tous -les noms de hasard mêlés à nos orages,
L'acclament de leur voix enrouée aux outrages,
Sachant qu'on ne peut mieux compléter les assauts
Aux grands hommes raillés qu'en admirant les sots.
Si vous faites le bien on vous fera la guerre,
Et, sans.savoir pourquoi, le stupide vulgaire
Est furieux autour du prophète pensif.


Voir le gouffre de haut, voir de loin le récif,
C'est un-tort. Etre grand, c'est être ridicule.
Pygmée est fier, étant pygmée; il toise Hercule;
Myrmidon ne prend pas Titan au sérieux.
Tous ces géants qui sont debout sur les hauts lieux
Font rire Lilliput, fourmilière féroce.

Le nain se sent un poids sur le dos, et sa bosse
Dont il est satisfait, bien qu'en-somme un peu las,
Lui fait le même effet qu'à toi le monde, Atlas!

Il te vaut. Qu'a-t-il donc. de moins que' toi? Tu portes
Ton-fardeau comme lui le sien.
Barrez vos portes
Et fermez vos volets, de peur que la raison
Et que la -vérité n'entrent dans la maison,
O bourgeois! Homme. docte, homme grave, mollusque,
Qui que tu sois, prends garde à l'irruption brusque
` Des clartés, des penseurs, des esprits, dans le trou
Où la nuit sombre a mis ton coeur sous le. verrou.
Tu végètes; -prends garde à ce grand -danger, vivre.
L'huître doit se, fermer dès que s'ouvre le livre
Car il suffit d'un mot dans une âme jeté
Pour. y creuser un gouffre et l'emplir de clarté.
De la stupidité l'ignorance est l'asile.
Ne lis rien, si tu tiens à rester imbécile.
Comme il sied.
L'oison glousse et boite, radieux;
Semblable au paon, l'orgueil, bien qu'il ait beaucoup d'yeux,
Ne s'en sert pas-pour voir, mais pour être superbe;
Le -faux sage a sa queue épanouie en gerbe

Qui le suit, vit par lui, l'aime, le croit divin,
Et le rend plus inepte en le rendant plus vain;
C'est le public des sots qui fait cortège au cuistre;
Le pédant idiot, arrogant et sinistre,
Qu'il soit homme d'église ou bien homme d'état,
Ignore tout, sait tout, et tient pour attentat
Le génie, et Guizot ne veut pas. de Voltaire.
Silence, Mirabeau! Danton, veux-tu te taire!
Ce Galilée est-il assez impertinent
Avec son soleil fixe et sa terre tournant!
Peut-on se, figurer rien de plus chimérique
Que ce Colomb faisant ce. rêve, l'Amérique!
Contre ces fiers croyants on prend à témoin Dieu.
Les églises, les rois qui sont grands de si peu,
Ces lourdes légions tardigrades, s'indignent
Contre ceux qui vont vite, et qui ne se résignent
Jamais à cè qui ment, jamais à ce qui nuit.
Ces hommes parlent haut et font peur.à la nuit.
A bas ces amoureux terribles de l'aurore!
.
Les grands penseurs sacrés qu'une flamme dévore,
Les poëtes, les forts esprits, les fiers rêveurs
Savent que l'infini ne fait pas de faveurs -
Mais ne fait pas non plus d'injustices; ils songent,
Méditant les destins d'en bas qui se prolongent
Dans le profond destin d'en haut, abîme obscur;
C'est pourquoi leur regard ne quitte point l'azur,
Et s'emplit, dans l'espace où flotte la science,
D'un éblouissement d'où naît la clairvoyance.

Sitôt que, se levant sur notre monde noir,
L'astre dieu de:l'aurore apparaît, faisant voir
. A l'immense chaos l'énormité de l'âme,
,Dès que ce monstre d'ombre à crinière de flamme,
. Dès que cet inconnu splendide,, le soleil,
Effrayant, 'rassurant,. masqué d'éclairs, vermeil,
Surgit, égalisant sous sa lueur superbe
Les grands monts, la rondeur de. la mer, le brin d'herbe,
Et l'horreur des forêts d'où. sort un vague chant,
Dès que, fertilisant, achevant, ébauchant,
Vie et mystère, énigme expliquant les problèmes,
Faisant les gouffres clairs, faisant les ,astres blêmes,
Aidant le coeur à croire et l'esprit à prier,
Il s'est mis au travail comme un bon ouvrier,
Dès qu'il a commencé sa tâche de lumière,
. Dès que, lié lui-même à la cause première,
Il a blanchi les-cieux, profonde vision,

Et jeté dans la nuit ce plongeur, le rayon,
Prompt comme le tonnerre et droit comme la règle,
La taupe lui dénonce un aveugle, c'est l'aigle.

28 avril 1876.
Revenir en haut Aller en bas
 
Victor HUGO (1802-1885) Thiers raille Mazzini; Pitt raille Washington
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Victor HUGO (1802-1885) Jamais elle ne raille,
» Victor HUGO (1802-1885) Hugo Dundas
» Victor HUGO (1802-1885) Victor, sed victus
» Victor HUGO (1802-1885) O rus ?
» Victor HUGO (1802-1885) Mai

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
PLUME DE POÉSIES :: POÈTES & POÉSIES INTERNATIONALES :: POÈMES FRANCAIS-
Sauter vers: