Elle, c'est le printemps; pluie et soleil; je l'aime;
Je m'y suis fait.
Un jour, elle me dit:
-Quand même
On est tout seul, les bois sont doux. Les belles eaux!
La campagne me plaît à cause des oiseaux.
Ecoutons-les chanter.
Moi, l'âme épanouie,
J'écoutais. -
-Les oiseaux, dit-elle, ça m'ennuie.
Jouons.
-Aux cartes?
- Non.
-A quoi?
-Je hais le jeu.
Causons. Le jaune est laid, je préfère le bleu.
- Je suis de ton avis.
- Toujours dans les extrêmes!
- Le bleu, dis-je, c'est beau.
- Pourquoi?
-D'abord, tu l'aimes.
Ensuite, c'est le ciel.
Mais le jaune; `c'est l'or:
- Va pour le jaune.
- Il est de mon avis encor!
C'est assommant!
-Faisons'' la paix.
- Je te pardonne.
Un autre jour:
- Ami, viens, je me sens très bonne,
Le temps est beau, sortons à pied. -
Comme j'offrais
Mon landau:
-Non, dit-elle, il faut, par ce vent frais,
Marcher, rôder, courir au bois à l'aventure. -
On s'habille, on descend.
-Où donc est la voiture?
- Mais tu voulais sortir à pied.
-A pied, jamais!
Marcher par ce vent froid! fi donc! -
Je me soumets.
On attelle.
-Voici le landau.
- Pourquoi faire?
- Mais, pour sortir.
- Tords-moi le cou, je le préfère.
Ah çà! tu veux sortir par cet horrible temps! -
Un autre jour:
- Nos coeurs, dit-elle, sont contents.
Ami, j'ignore tout, mais je suis ta servante.
Puisque je sais aimer, je suis assez savante.
Je t'adore. Mon dieu, c'est toi. -
Le lendemain,
Un grand soufflet sortit de sa petite main,
Et tomba sur ma joue.
-Hé! dis-je.
- Bagatelle!
Viens m'embrasser. Comment me trouves-tu? dit-elle.
-Charmante! -
Et c'est ainsi que je m'accoutumai
Aux inégalités d'humeur du mois de mai.
24 juillet 186...