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 Victor HUGO (1802-1885) Saint prétoire, infaillible et grave tribunal

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Victor HUGO (1802-1885) Saint prétoire, infaillible et grave tribunal  Empty
MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) Saint prétoire, infaillible et grave tribunal    Victor HUGO (1802-1885) Saint prétoire, infaillible et grave tribunal  Icon_minitimeMar 29 Nov - 23:42

Saint prétoire, infaillible et grave tribunal
Où Beccaria juge aidé de Juvénal.
Le penseur n'absout point les grands forfaits lyriques
Que l'histoire engloutit sous ses panégyriques;
Il excuse parfois, il n'approuve jamais. .
Il veut de l'aube, et non du sang, sur les sommets.
Peuple ou roi, quel que soit le tuteur, il le blâme.
Pour lui l'assassinat, même illustre, est infâme; .
Tout temple est sombre avec une morgue au milieu.
Quand le sang coule, il dit : malheur! admirant peu
Le resplendissement magnifique du glaive;
Il n'a pas, quand le cri des victimes. s'élève,
Pour éblouissement la grandeur du bourreau;
Pour lui, Saint-Just poussant Danton au tombereau,
Louis quatorze affreux, penché sur les Cévennes,
Implacable, saignant la France aux quatre veines,
Titus livrant Sion massacrée aux vautours,
Quoi qu'on puisse' alléguer et dire, c'est toujours
Le même crime errant dans la même nuit noire;
Si grand que soit l'éclat, quelle que soit la gloire,
C'est toujours à ses yeux le meurtre, et, plein d'ennui,
Partout, il le condamne; et tout ce qu'il sait, lui,
C'est qu'on ne lui fait pas accepter des décombres,
Des désastres, des morts, des écrasements sombres,
Même en posant dessus. la patte d'un lion.
Non, jamais de vengeance et' pas de talion.
Quoi! le cipaye irait jetant au feu des femmes
Et tordant des enfants, tout vivants dans les flammes;
Quoi! l'irlandais bigot, à travers le brouillard,
Surgirait, la massue au poing; quoi, le lollard
Joindrait le fer qui frappe à la main qui mendie;
Quoi! le hubin boirait du sang; quoi! l'incendie
Eclairerait le rire horrible du truand;
Le camisard aurait dans sa poche en tuant
Sa bible toute grasse à force d'être lue; -
Et l'âme incorruptible, et la bouche absolue,
La bouche du poète et l'âme du penseur
Se tairaient! et le jour accepterait pour sceùr,
Sous prétexte qu'ensemble autrefois nous souffrîmes,
L'aveugle obscurité, toute pleine de crimes!
Non, parle, et parle haut, vérité! vérité!
La misère n'a pas le droit de cruauté;
Les échafauds s'en vont et leur ombre s'efface;
L'impassible équité ne veut pas qu'on en fasse,
Pas même avec le bois douloureux des grabats;
Non! nous n'admettons point, dans le deuil d'ici-bas,
Qu'on puisse être bourreau parce qu'on fut .victime.
Le meurtre fils des pleurs n'est pas plus légitime;
Quand le faible dévient à son tour le plus fort,
La conscience donne à la rancune tort
Et force les instincts de vengeance à se taire,
Et l'on n'est point absous par ce juge pour faire
Du mal avec le mal que d'autres vous ont fait.
Cette livre de chair dont Shylock triomphait,
Malheur à qui la veut dans sa sauvage envie!
L'homme est le travailleur du printemps, de la vie,
De la graine semée et du sillon creusé,
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