On voulait condamner cette fille, attendu
Qu'une femme effarée, au regard éperdu,
Dont on voit le col nu que va trancher la hache,
Qui hurle, qu'à la planche effroyable on attache,
Et dont on dit: Voyez, longtemps elle se tut,
Puis parla, cela pose un jeune substitut.
On passe conseiller, président, avant l'âge,
Et l'on finit par faire un très beau mariage,
Et par avoir des champs, des femmes, un château,
En suifant la rainure où glisse le couteau.
Ne jamais .gaspiller, tant on se sent capable,
Son temps à distinguer l'innocent du coupable,
Ecraser l'accusé que Bergasse étouffait,
N'être point scrupuleux, se montrer si bien fait
Pour l'opprobre qu'on a l'estime de Baroche,
Etre un de ceux à qui la honte dit: approche!
Et qui viennent, - la honte aide à l'avancement, -
Eh quoi! mais c'est tout simple! et c'est ainsi, vraiment,
Que le bonnet carré se dore et se galonne,
Que du temple des lois on devient la colonne,
Et qu'on reçoit la croix d'honneur, dans la saison,
Des mains d'un accusé de haute trahison.
C'est pourquoi, lorsqu'on a tout ce qu'il faut pour plaire,
Qu'on est, par la cravate et les gants, exemplaire,
Qu'on sait être au bal jeune et vieux au tribunal,
Quand on est élégant, doctrinaire, banal,
Quand on a ce patois gn'Aulois prend pour du style,
Faire guillotiner une femme est utile.
D'une tête sanglante un juge est couronné.
N'allez-vous pas blâmer un jeune homme bien né,
Qui trouve .sous sa main une obscure ouvrière,
Une fille, et qui tient à faire sa carrière,