Pour le prêtre il est saint, pour le juge il est juste;
. Il a raison;
Nul ne résiste; il est sacré, suprême, auguste,
Par trahison; .
C'est de vin et de sang que sa lèvre est rougie.
Lourd prisonnier
De cette double ivresse, il complète l'orgie
Par le charnier.
Il a tout; les sénats lui prodiguent leur âme
Et leur fierté,
L'évêque en chape d'or la prière, et la femrne
La 'nudité. '
XXXVII POUR L'ÉCRIVAIN VÉNAL... 757
Devant lui la vertu frémit, l'honneur émigre;
Pâle Psyché,
L'âme humaine voudrait s'enfuir; et par le tigre
Il est léché.
Il a par un viol possédé la victoire,
Il est prudent,
Mais guerroyeur; il compte arriver à la gloire,
Bazaine aidant.
Les peuples sur leur tête ont cette splendeur noire;
Il est debout;
César, majesté, prince,, empereur, dans l'histoire,
Et dans l'égout.
Le monde, ainsi qu'au temps de Claude et de Comnène,
Est là. béant,
Contemplant ce pygée énorme, grandeur naine,
Hautain néant:
Il est le sphinx du trône; il a pour toute règle
Le crime heureux;
Il habite un fond d'ombre; il est seul comme l'aigle
Et le lépreux.
Il a l'armée, il a l'église; il est superbe,
Blême, ébloui;
Et tous les crimes sont épanouis en gerbe
Autour de lui.
Il règne, il a la joie obscure de Tibère;
Il est content;
Et pendant ce temps-là,' le destin délibère,
Et l'ombre attend;
Et, soeur de Némésis, l'implacable logique
Au front serein,
Assise à son fourneau, chauffe à son feu tragique
Le vers d'airain.
26 novembre.