XI
Et le vaisseau partit, léger, la voile ouverte,
Et pendant qu’il fendait la vaste écume verte,
Pendant que les rameurs, ces amis des chansons,
Du poëme, en voguant, se renvoyaient les sons:
« Ah! songeait le vieillard, seul, trônant à la poupe,
Je ne m’attendais plus à ce miel dans ma coupe!
Errant chez les humains, de tout amour sevré,
A ces tardifs honneurs je fus mal préparé.
J’ai chanté les marins et les hommes de guerre,
Et voilà que, la mer s’unissant à la terre,
Je retourne à la rive où dormiront mes os,
Porté par les soldats et par les matelots!. . .
Une voix, cependant, m’avertit en moi-même;
Elle dit que la gloire est un nectar suprême
Qu’on verse au voyageur quand il arrive au port.
O filles du destin, déesses de la mort!
De vos rapides mains ne hâtez pas l’ouvrage;
Attendez. . . attendez que je touche au rivage! »