Contre Un Vielle.
Quoy vous vous mariez, douce et tendre mignonne,
Et ne l'avez encore été;
Je ne voy rien du tout dessus vôtre personne
Qui ne prêche la chasteté.
Pour de l'âge, on sçait bien que vous n'en manquez guere;
Vôtre visage en est garant,
Que ce qu'on fait pour vous, se pouvoit fort bien faire
Du regne de Henry le Grand.
Vous éloignant d'icy les beautez de la Reine,
Ont purgé ce noble sejour.
De même qu'un torrent, vôtre sortie entraîne
Toute l'ordure de la Cour.
Celuy qui vous épouse en témoignant sa flâme,
N'etablit pas mal son renom,
Qui s'est bien pû resoudre à vous prendre pour temme,
Ira bien aux coups de canon.
Comme vous n'êtes plus qu'une vieille relique,
L'objet de la compassion,
Dés qu'on dit que sur vous un Sacrement s'applique,
On pense à l'Extrême-Onction.
Qui se lie avec vous espere un prompt veuvage
Ou peut-être ce pauvre Amant
Entend que le contrat de vôtre Mariage
Passe pour vôtre Testament.
Vous seriez bien sa Mere, & la Foy conjugale
Est mal placée entre vous deux;
L'inceste est en effet une chose si sale,
Que le portrait en est hideux.
Les plus intemperez de vôtre bonne grace
Ne bailleroient pas un teston;
Et l'on peut faire état qu'on est à la besace
Quand on vous touche le teton.
Souffrez ce petit mot, sans traiter de Satyre
Un stile si franc & si doux;
Vous êtes en un point où l'on ne peut médire,
Quelque mal qu'on parle de vous.