De Perolet Insigne Beuveur.
Perolet ce beuveur insigne,
Qui aux yeux en portoit le signe
Evident, repos' en ce lieu,
Non point son vin, mais bien en Dieu:
(Au moins comme chascun doit croire)
Vivant il ayma tant à boire
Du meilleur, souvent, et longs traicts,
Que ses yeux s'en estoyent entrez
Au plus profond, et là dedans
Se monstrent rouges, et ardans:
Rouge, blanc, et claret aussi
Pour couleurs il avoit icy:
Roug' estoit aux yeux, pasl' en face,
Claire avoit sa voix, dont l'espace
Qu'il vesquit, cria cà, et là
Bon vin à vendre, et en cela
Passa son temps vineusement,
Vivant le plus joyeusement
Qu'il pouvoit sans estre delivre
De l'humeur qui le rendoit yvre.
Or passans qui trouvez saveur
Au bon vin comme ce beuveur,
A fin que desormais se garde
Que soif alterée ne l'arde,
Je vous pry arrosez sa tumbe
De bon vin, et faittes qu'il tombe
A plains pots sur luy, car le peu
Ne feroit qu'augmenter son feu.
Quant à l'eau que l'Eglise donne
A grand' pein' il la trouve bonne,
Car si onq n'ayma liqueur telle
Trouver ne pourroit goust en elle.
D'oraisons qu'on dit pour les ames
(A fin qu'evitent les grands flammes
D'enfer hideux, ardant, et chaud)
En veut peu, car il ne luy chault
D'estre là, ou en purgatoire,
Moyennant qu'il y trouv' à boire.