Kronos.
Kronos, roi du passé, père des jours à naître,
Seul des olympiens sur son trône est resté;
L’impitoyable faux au tranchant redouté
Tremble éternellement dans les mains du vieux maître:
Sa barbe, que le feu des étoiles pénètre,
Sous ses flocons d’argent couvre l’immensité;
Il jette aux dieux nouveaux un regard de côté,
Et se détourne d’eux, sans les vouloir connaître.
À quoi bon? Rien n’est sûr, d’autres viendront encor...
N’a-t-il pas vu ses fils brisant leurs sceptres d’or,
Et l’Olympe encombré du débris de leurs armes?
Sur terre et dans les cieux, sachant que tout est vain,
Il pleure, épouvanté de ce néant divin --
Et la profonde mer n’est qu’une de ses larmes!