Icebergs
Glaciers, monstres géants, pics que le froid dentelle
Et qui donnez, tordus aux polaires clartés,
Sur vous les feux du jour avec l'astre emportés
Semblent des lambeaux roux au front blanc d'une stèle.
Cependant, vieux captifs, dans la houle immortelle
Où se crispent roidis, vos flancs diamantés,
Vous bercez aux moiteurs de vos tons argentés
Le morse aux crocs d'ivoire et la glauque étincelle.
Et même que toujours impassibles et nus
Vous cabrez sous les cieux vos créneaux inconnus
Flamboyant dans l'éther comme l'acier des lances,
À vos sommets hardis, ô tranquilles écueils,
Vous portez gravement, sur la nuit des silences
La rigidité morne et sombre des cercueils...