Messidor
Tel un émir du Caire au grand harem des fleurs,
Pompeusement drapé des festons et des mousses,
Juin s'avance et fleurit au choeur des brises douces
Et jette à large main son âme et ses couleurs.
L'azur s'est revêtu de furtives couleurs,
Les merles vont sifflant des files d'heures douces,
Et le ruisselet bleu qui vagit dans les mousses,
Parfume son espoir au cher relent des fleurs.
Ô prodige! on entend passer l'âme des fleurs
En un soupir divin qui tremble sous les mousses
Et qui fait palpiter toutes leurs lèvres douces
Dans une éclosion nouvelle de couleurs.
Et pendant que tout flambe aux baisers des couleurs
Et que les muses font vibrer leurs lyres douces,
Messidor, vaguement, s'épanche sur les mousses
Tel un émir du Caire au grand harem des fleurs.