Dégoût de vivre
Puisqu'il nous faut atteindre où le destin nous mène,
Le coeur pourpre du sang sacré de nos douleurs,
Consumons notre vie aride dans les pleurs
Et rejetons l'espoir si l'espérance est vaine.
Avec ses passions aux cris ensorceleurs
L'humanité n'est plus qu'un vil énergumène,
Et le seul front courbé sur la nature humaine
Est le vieux front de l'Ombre impassible, ô malheurs!
Si toujours sous nos pas nous foulons ce qu'on aime
Pourquoi gémir quand vient à nous le spectre blême?
Pourquoi pleurer quand l'Heure arrive? Pauvres fous!...
Nous regrettons un corps que veilleront les saules;
Mais n'était-ce donc rien que de vivre à genoux
Sous le fardeau des croix que portent nos épaules?...