LE PRINTEMPS
A M. PIERRE-GEO. ROY, DU «GLANEUR».
Le givre a disparu. L'oiseau dans la ramée
Exhale vers le ciel ses chants mélodieux;
L'aurore verse à flots sur la rose embaumée
Comme des perles d'or, les charmes de ses yeux.
C'est le printemps vermeil; la brise parfumée
Mêle au bruit du ruisseau son murmure joyeux;
Dans les bosquets en fleurs, l'abeille, ranimée
Bourdonne en butinant le miel délicieux.
O résurrection de la grande nature!
Doux printemps, j'aime à voir ta riante verdure
Dérouler sur le sol son tapis de velours!
Quand tu brilles, le front du malheureux se dresse;
Les coeurs, jeunes ou vieux, tressaillent d'allégresse,
Et d'une même voix célèbrent les beaux jours!
Mai 1891.