À Claudine, sur son livre des metamorphoses
D' Ovide.
Sonnet 33.
Je suis le vray tableau d' une metamorphose,
Puis qu' il plaist à l' amour d' aimer le changement,
Selon que j' ay de peine, ou de contentement,
Je monstre un teint de lys, je monstre un teint de rose.
Tantost par un effet, dont j' ignore la cause,
Je suis dans ma constance un roc, un diamant,
Et tantost un roseau dans mon frisonnement ;
Tantost je ne suis rien, et tantost toute chose.
Tantost je suis narcisse au milieu de mes pleurs ;
Tantost cameleon de diverses couleurs,
Et tantost un agneau que ta rigueur immole ;
Mais, grace au petit dieu des belles passions,
Dans tous ces changemens d' effet, ou de parole,
Je n' ay jamais changé mes inclinations.