À Monsieur De Toyras. Sur la défaite des
Anglois en l' isle de Ré.
Sonnet.
Toy par qui le plaisir succede à la douleur,
Qui des plus grands heros obscurcis la memoire ;
Souffre que les françois ne chantent que ta gloire,
Tandis que ceux du Nort souspirent leur malheur.
Si tost que ton genie eut triomphé du leur,
L' oeil qui vid tes exploits à peine les pût croire ;
Et l' on tiendra pour fable, et non pas pour histoire,
Ce que la verité dira de ta valeur.
Lors que tu foudroyas ces geans d' Angleterre,
L' Europe qui s' esmut au bruit de ce tonnerre,
Jugea que tu serois l' honneur des combattans ;
Donc que les immortels t' abandonnent leur place,
Il fallut tous les dieux pour vaincre les titans,
Mais Thoyras eut luy seul surmonté leur audace.