En lui remettant, dans sa cellule, à la Prison de la Santé,
le 1" janvier 1900, un drapeau offert par les femmes de la Charente.
Quand semble morte l'espérance
Et quand est si noir l'horizon,
O martyr, les femmes de France
Viennent pavoiser ta prison.
Jamais le soleil ne pénètre
Dans le séjour de tes douleurs,
Mais notre pitié peut y mettre
Un arc-en-ciel, les trois couleurs.
Ce drapeau que de pleurs tu mouilles,
Tribun, est fait du même lin
Qu'ont jadis filé les quenouilles
Pour la rançon de Du Guesclin.
Va, la colère s'accumule
Contre un despotisme exécré.
Aux tristes murs de ta cellule
Suspends cet emblème sacré.
Pour que le peuple entier se dise
Que l'honneur, la gloire, la loi,
- Tout ce qu'un drapeau symbolise, -
Sont ici captifs avec toi,
Pour que la bastille s'écroule
Et qu'enfin libre et triomphant,
Ce drapeau plane sur la foule,
Brandi par toi, drapeau vivant!