Lettre à Cavé
(Extraits)
Je serais bien aise aussi de pouvoir prendre les eaux du Mont d'Or, ce qui
m'arrêterait en Auvergne pendant un mois...
C'est comme je vous l'ai dit l'histoire des deux races gothiques ou
visigothiques et austrogothiques que j'espère poursuivre complètement dans ces
diverses provinces; c'est l'antique croix de Lorraine tracée à travers la France
par les fils de Charlemagne et qui peut nous servir à reconnaître nos frères
d'origine en Allemagne, en Russie, en Orient et surtout encore en Espagne et
dans l'Afrique; puisque là sont nos intérêts immédiats. L'étude que j'ai faite
depuis quinze ans des histoires et des littératures orientales, m'aidera à
démontrer dans les patois mêmes de nos provinces celtiques des affinités
extraordinaires avec les langues portugaises, arabes (de Constantine), franques,
slaves et même avec le Persan et l'Hindoustani.
Du reste ce sont là des travaux spéciaux qui voudraient de longues recherches et
que je me contenterai d'indiquer à des plus savants. Pour vous, Monsieur, pour
la direction des Beaux-Arts, j'espère réussir à retrouver les premiers monuments
des migrations celtiques dans l'Egypte, dans la Perse et dans la presqu'île des
Indes, où sont encore quelques-uns de nos comptoirs.
Le Cantal d'Auvergne correspond au Cantal des monts Himalaya. Les mérovingiens
sont des Indous, des Persans et des Troyens. Le peu de statues et de portraits
que nous possédons à Paris l'indique suffisamment. Mais les premiers rois de
Gothie et d'Aquitaine, ceux qui ont régné pendant quatre cents ans avant toute
histoire de France (depuis J.C.) sur les meilleures provinces de la vieille
France, ceux que nos premiers historiens poètes faisaient remonter à la race des
Troyens et des Carthaginois, quels sont leurs noms, leurs monuments, leur
descendance directe? L'Auvergne et l'Ancienne Navarre en gardent encore le
secret. Rama, Annibal, Roland et Duguesclin ont traversé les Pyrénées plus
heureusement que les derniers Bourbons et que Napoléon lui-même, et la maison de
Castille gouvernait et défendait des deux mains la Navarre française et la
Navarre espagnole. Ces rapports, ces migrations, ces filiations ne sont-ils pas
bien importants à définir, du moins avec plus de soin et d'étude qu'on ne l'a
fait jusqu'à présent. Je suis moi-même originaire de ces pays j'en sais presque
les divers dialectes ou du moins je les retrouve par le Grec et l'Allemand; vous
comprendrez donc, Monsieur, combien une pareille mission m'intéresse et combien
je me sens digne de la remplir...