LE SOCLE
L'Amour qui souriait en son bronze d'or clair
Au centre du bassin qu'enfeuille, soir à soir,
L'automne, a chancelé en se penchant pour voir
En l'onde son reflet lui rire, inverse et vert.
Le prestige mystérieux s'est entr'ouvert;
Sa chute, par sa ride, a brisé le miroir,
Et dans la transparence en paix du cristal noir
On l'aperçoit qui dort sous l'eau qui l'a couvert.
Le lieu est triste; l'if est dur; le cyprès nu.
L'allée au loin s'enfonce où nul n'est revenu
Dont le pas à jamais vibre au fond de l'écho;
Et, de l'Amour tombé du socle qu'il dénude,
Il reste un bloc égal qui semble le tombeau
Du songe, du silence et de la solitude.