MELANGES LE MARINIER
je crains Dieu, ma mère !
J' ai l' amour au coeur,
point de haine amère,
partant, point de peur ;
mais à l' ange, ou femme
que je viens de voir,
j' ai donné mon âme
pour bien peu d' espoir !
C' est une rose en deuil, une fleur orpheline,
que tenait par la main Marina sa cousine.
Elles venaient chercher passage à l' autre bord :
Dieu m' aimait ce jour-là, car j' étais seul au port !
L' autre enfant m' appelle,
et dit : " marinier !
Sais-tu la chapelle
où l' on va prier ?
Cet ange, à la vierge
qui plaint son doux sort,
va porter un cierge
pour son père mort. "
ma mère ! Où je vous vois, c' est là qu' elle est venue,
là, comme une lumière aux marins inconnue !
Là, j' ai cru que la vierge entrait dans mon bateau,
et que mon humble barque allait brûler dans l' eau !
Et la jeune sainte
aux cheveux tressés
tenait avec crainte
ses longs yeux baissés.
Oh ! Que je devienne
capitaine ou roi,
elle sera mienne
et reine par moi !