FRAGMENTS AMOUR
Hélas, avant la mort d' où vient que je te pleure ?
De nos doux rendez-vous qui donc a manqué l' heure ?
Le temps va comme il veut ; l' amour s' est arrêté :
ne me reviendras-tu que dans l' éternité ! ...
l' amour vrai, tiens ! C' est Dieu remontant au
calvaire.
J' ai lu dans un beau livre, humble, grand et sévère,
dont l' esprit devant toi me relève aujourd' hui :
" l' éternel mit la femme entre le monde et lui. "
moi, je suis une femme aussi comme ta mère !
Elle me défendrait de ton insulte amère.
Plus grand que son amour, mon amour se donna !
Une femme aima trop, et Dieu lui pardonna.
Crois donc que pour aimer il faut un grand courage,
que rester immobile au pied d' un tel orage,
ce n' est point lâcheté, comme tu dis toujours :
c' est attendre la mort sans disputer ses jours,
c' est accomplir un voeu, fait au bord de l' enfance,
de ne rendre jamais l' offense pour l' offense ;
c' est acheter longtemps, par pleurs et par pitié,
une âme, qu' on voulut pour soeur et pour moitié,
une chère âme, au monde et donnée et perdue,
et qui par une autre âme au ciel sera rendue !
Ainsi, crois à l' amour ! Il est plus fort que toi :
s' il vit seul, s' il attend, s' il pardonne, c' est moi !