Comme dans un rêve
J'avais devant moi la mer aux flots bleus,
La mer où jouaient l'infini des cieux
Et votre main blanche,
Le flot se faisait plus souple et plus lent,
Je regardais fuir un grand goéland
Comme un mât qui penche.
Vous étiez pensive et vous n'osiez pas
Mêler votre voix au murmure las
Des eaux défaillantes,
Le soir qui tombait des monts lentement
Vous couvrait déjà de son vêtement
D'ombres vacillantes.
Tout me conviait aux premiers aveux;
L'odeur de la mer et de vos cheveux,
Le soupir des vagues,
L'écharpe des nuits qui se dénouait,
Les reflets changeants que l'air mariait
Au-dessus des algues.
Mais je vous laissai partir sans un mot
Et je restai seul, seul auprès du flot
Qui baisait la grève.
Votre image en moi flotta doucement
Puis se dissipa graduellement
Comme dans un rêve.