Mer de novembre
Lu à un banquet offert au
sculpteur Hébert, à l'occasion
de son départ pour la France.
Ô mer de novembre, effroi du marin,
Dont la blanche écume aux récifs se brise,
Sois, de tous côtés, pour le pèlerin,
Bonne dans ta vague, et douce en ta brise.
Dans ton sein calmé par un jour serein,
Ouvre un sillon bleu, d'une courbe exquise,
Pour son lourd vaisseau dont les flancs d'airain
Se tordent au vent qui les brutalise.
Fuyant les rigueurs d'un ciel boréal,
Pour s'envoler vers les monts d'idéal
Dont son rêve vêt les grands plis sévères,
Il s'en va, de gloire et d'art altéré,
Suivi, sur tes flots, par l'éclat doré
Des rayons jaillis du choc de nos verres.