III
Quand je suis tout le jour de douleurs agité,
Que j'eusse au moins la nuict quelque douce allegence !
Certes la passion ha trop de violence,
Qui tousjours continue en son extremité.
Pensers, désirs, soucis, pleins d'importunité,
Hé donnez-moy de grace, un peu de patience !
Mais vous me travaillez pour punir mon offence,
De ce que j'ose aimer une divinité.
Encor en endurant ma douleur vehemente,
(Ô trop cruel destin !) celle qui me tourmente
Ignore que je meurs par l'effort de ses yeux.
Madame, helas ! monstrez que vous estes divine,
Lisez dedans les coeurs ainsi que font les Dieux,
Et voyez que mon mal a de vous origine.